Le but d'une thérapie est d'introduire des changements durables dans l'esprit du patient de façon à ce qu'il puisse atteindre ses objectifs personnels. Les changements à introduire vont dépendre complètement du patient, de sa façon de fonctionner et des buts qu'il veut atteindre.
Notre esprit n'est jamais figé, il est souple et capable de modifier sa façon de fonctionner. Contrairement à un programme d'ordinateur qui ne fait que ce pour lequel il a été prévu, nous sommes capable de faire face à des situations nouvelles auxquelles nous n'avons jamais été exposés auparavant. Nous sommes capable de nous adapter et nous apprenons en permanence. Chaque expérience que nous faisons, chaque chose que nous voyons, entendons ou ressentons, vient enrichir notre connaissance du monde et de la façon dont nous pensons qu'il fonctionne.
On peut à peu près tout changer en nous. Bien sûr, on ne peut pas changer le passé, mais on peut changer l'impact qu'il a sur nous dans le présent, et c'est cela qui est important. Une personne qui a vécu un traumatisme ne va probablement jamais l'oublier, mais elle peut faire en sorte que cela ne la gêne plus dans sa vie quotidienne. L'art du thérapeute consiste, entre autres, à trouver les changements qui vont être bénéfiques pour le patient.
La relation entre les symptômes et les changements qui vont les faire disparaître n'est pas automatique. C'est un peu comme si votre voiture faisait un bruit bizarre et que vous l'emmenniez chez un garagiste. Son travail ne va pas consister à empêcher le bruit d'atteindre vos oreilles, par exemple en mettant une grosse couche de Proz'hoc (un goudron anti-bruit) partout dans le moteur, mais à changer la pièce défectueuse de façon à ce qu'il n'y ait plus de bruit. Le symptôme n'est pas la cause du problème mais sa conséquence. Les changements nécessaires peuvent parfois sembler très éloignés des symptômes.
Pour un professionnel de la thérapie, le classement des troubles en fonction de leurs symptômes n'est pas toujours pertinent. C'est une habitude héritée du monde médical, mais cette approche ancestrale est mal adaptée aux réalités du fonctionnement de notre esprit. A partir d'un certain degré de complexité, les relations ne sont plus forcément linéaires, c'est une des grandes découvertes conceptuelles du 20ème siècle, connue sous le nom de Théorie du Chaos. Et l'esprit humain, avec ses milliards de neurones, et ses milliards de milliards de connexions, est certainement l'objet le plus complexe que l'on puisse étudier. La conséquence de cela, c'est que deux personnes ayant les mêmes symptômes vont certainement nécessiter des changements intérieurs complètement différents.
Voici quelques exemples de changements parmi une multitude de possibilités :
Il peut nous arriver de vivre un évènement pénible, auquel on ne pense plus par la suite, mais qui laisse en nous une trace durable, et qui comme une blessure qui ne cicatrise pas, peut se réactiver et nous perturber sans raison apparente. L'hypnose permet de modifier l'association entre la situation qui provoque le trouble et l'émotion qui est, en quelque sorte, la source de la souffrance.
C'est un peu comme le cas précédent, sauf que, là, la cause initiale de la souffrance est hors de portée de notre mémoire consciente. Il y a une sorte d'amnésie du traumatisme qui est expliquée par Rossi (2) comme étant un souvenir codé d'une manière particulière dans notre cerveau du fait de l'émotion intense ressentie sur le moment. L'hypnose permet de récupérer un tel souvenir puis de le traiter comme le cas précédent.
Tous les évènements que nous vivons ont une influence sur nous et sur la façon dont nous comprenons le monde. Il peut arriver qu'une ou des expériences nous fassent croire des choses qui par la suite nous empêchent de réaliser nos objectifs de vie. Par exemple, une succession de rejets par des personnes que nous aimons peut nous amener à croire que nous ne méritons pas d'être aimés, du coup nous ne sommes plus motivés et nous ne faisons pas ce qu'il faut pour obtenir l'amour dont nous avons besoin. Une fois la croyance supprimée, une multitude de possibilités s'offrent à nous et nous finissons par réussir.
Par exemple, les comportements alimentaires boulimiques sont souvent utilisés pour compenser un manque ou cacher une angoisse. En supprimant le manque ou l'angoisse, le comportement n'a plus de raison de persister, il reste l'habitude qui se change facilement par la rééducation. D'autre part, on peut aussi transformer un comportement dont l'objectif est utile pour le patient, mais qui a des effets secondaires désagréables, en un autre comportement ayant le même objectif, mais sans les effets négatifs de l'ancienne façon de faire.
Certaines personnes ont des pensées obsédantes qui reviennent tout le temps sans qu'elles ne puissent rien faire pour les empêcher d'arriver. Il existe des techniques cognitives qui permettent de les supprimer complètement. Nous ne sommes pas obligés d'être le jouet de nos processus psychiques inconscients, nous pouvons apprendre à contrôler, modifier, supprimer ceux d'entre eux qui ont un impact fort sur notre vie.
Par exemple, la peur qui donne des angoisses, ou la tristesse qui donne des dépressions. C'est un peu comme les traumatismes oubliés : la cause a disparu, mais les effets restent. L'hypnose permet d'accéder à la source de ces émotions et on peut alors complètement supprimer l'apparition apparemment sans raison de ces émotions négatives.
Cette liste n'est absolument pas limitative, il ne s'agit que de quelques exemples. La variété des changements possibles est infinie.
Ces changements se font dans l'inconscient du patient, au plus profond de son esprit, ils viennent donc de lui et lui semblent naturels. Ce qui fait que souvent les patients ne se rendent pas compte tout de suite qu'ils ont changé. Il faut un certain temps pour que ces changements se manifestent de façon visible dans la vie du patient. Ce temps est très variable, de quelques heures à quelques semaines selon les individus.